Je viens de regarder l'intégralité du documentaire à l'initiative du journaliste Henrik Evertsson, qui a reçu le prix du journaliste suédois, accompagné de l'expert en épaves Linus Andersson. Documentaire en cinq épisodes diffusé sur une chaîne de télévision suédoise sur le naufrage du ferry Estonia en 1994. Ce n'est pas en quelques lignes que je peux résumer ce que j'ai vu en presque six heures. Je vais donc me limiter à la partie exploration, même si je dois revenir plus tard sur les témoignages des survivants de la catastrophe.
Pourquoi explorer cette épave 26 ans après le drame ? Tout simplement parce que, là encore, les familles endeuillées, en majorité suédoises, n'ont pas accepté les explications des autorités sur les causes du naufrage qui mettait en cause la porte avant et la visière du ferry. Pour cacher la vraie raison de la catastrophe, les autorités ont inventé un mensonge qui a éveillé la méfiance des voyageurs et généralement des Suédois, les uns à l'égard des ferries, les autres vis à vis de leur gouvernement. Je ne les avais pas acceptées non plus. Un vent de 24 nœuds n'arrache pas de portes et un navire qui chavire ne coule que s'il y a une voie d'eau dans la coque, sinon, il flotte retourné.
Le ferry Estonia est couché sur une petite pente argileuse par 85 m de fond dans la mer Baltique. En 1996, 10.000 tonnes de cailloux ont été déversés sur l'épave, prétendument pour la recouvrir comme une sépulture marine car les corps de beaucoup de victimes sont restés à l'intérieur. Ces cailloux sont autour mais n'ont pas empêché le robot muni d'une caméra de faire le tour de l'épave à la hauteur de la ligne de flottaison du ferry retourné.
La caméra est partie de la proue pour suivre le flanc tribord du ferry. D'un coup, le commentateur, qui découvrait ces images en direct a dit "le navire s'arrête là".En réalité, seul le tiers de la longueur avait été parcouru. Ce qu'il ne voyait pas était dans l'ombre portée par une fente presque verticale d'environ 4 mètres de haut dont l'un des côtés était enfoncé de près d'un mètre. En avançant, la caméra a découvert ces images :
Je ne peux pas reporter dans cet article toutes les images du film, néanmoins; celles-ci suffisent pour se rendre compte que des dommages latéraux ont été subis par le ferry et ont entraîné son naufrage en moins d'une heure. Ça change tout.
Grâce à un logiciel spécialisé, il en a été tiré cette images de synthèse.
Le professeur Jørgen Amdahl, du Department of Marine Technology, NTNU, Université Norvégienne de Sciences et de Technologie, au vu des images tournées sur place s'est efforcé de déterminer quelles forces sont nécessaires pour infliger des dommages tels que ceux observés sur l'Estonia.