dimanche 23 avril 2017

Goya

(Francisco de) Goya


Navire marchand norvégien de 146 m de long, réquisitionné par les Allemands pendant la seconde guerre mondiale pour transporter leurs troupes.
En 1945, devant la terreur engendrée par les bombardements alliés sur les civils et l'arrivée par l'est de l'armée rouge soviétique que leur réputation de barbares sanguinaires avait précédés, il est mis au service de l'opération "Hannibal" laquelle avait pour but de ramener le plus de personnes possibles, blessés et civils vers l'ouest de l'Allemagne à la frontière danoise.

L'embarquement des réfugiés s'est fait de manière anarchique et ceux-ci n'ont pas été réellement comptés. Selon les sources, entre 6.000 et 7.300 personnes ont embarqué sur le Goya, dont 200 soldats du 25e Panzer. Le navire voyageait en convoi avec d'autres, notamment deux dragueurs de mines, le vapeur Kronenfels qui transportait également des civils vers Swinemünde et le wassertanker Ægir.

Tout'espace disponible sur les navires sera rempli de soldats blessés. On embarque également des civils à bord car il reste beaucoup de place. Mais les réfugiés n'attendent pas patiemment. Le temps est compté. Des milliers d'entre eux sont en ce lundi matin, impatients sur le quai quand commence à 07h05 le premier raid aérien sur Hela. Après quelques minutes on compte d'innombrables morts et blessés. Le "Goya" ne souffre aucun dommage important.

Une heure et demie plus tard, l'horreur se répète et une nouvelle vague de bombardiers sort des nuages. Cette fois, le "Goya" a moins de chance. Une bombe pénétre le pont supérieur, détruisant le système d'auto-protection contre les mines et le dispositif de localisation des sous-marin. Le "Goya" dans son voyage à travers la nuit dépend donc des escortes qui sont beaucoup plus lent que lui.

En début d'après midi une troisième attaque de bombardiers a lieu, mais il n'y a pas d'autres dommages. Tout au long de la journée, les réfugiés ont été amenés depuis la jetée sur de petits navires. 6000 passagers devaient être prises à bord mais il en embarque plus de 7000, le nombre exact, personne ne le sait, aucune liste n'a été faite, les noms restent inconnus. Le navire est bourré à craquer. Environ un millier d'entre eux restent sur le pont. Dans le ventre du navire il n'y a pas de place pour eux. Certains ont fui vers l'extérieur à cause de l'odeur de la cale du navire. C'est un cargo, pas un navire fait pour des passagers et il n'y a presque pas de sanitaires. Aucun médecin et pas d'infirmières non plus. Les soins ne sont pas assurés. Il n'y a de gilets de sauvetage seulement pour la moitié des personnes à bord et des chaloupes de sauvetage pour à peine quelques centaines. Ceux qui sont à bord fuient une mort certaine et atroce aux mains des communistes, ils tentent le tout pour le tout.

Le Capitaine Plünnecke et l'équipage savent que si quelque chose arrive, tous les gens à bord sont perdus. Les autres navires du convoi sont tout aussi bondés, ils pourraient à peine accueillir quelques  naufragés.

À 19 h, le convoi commence à appareiller. En plus du Goya, il y a le Kronenfels, le Mercator et le wassertanker Ægir. Ensemble, les quatre navires ont plus de 15.000 personnes à bord. La sécurité est assurée par les deux dragueurs de mines M-256 et M-328.  Le vapeur Kronenfels ralentit fortement la vitesse du convoi. Il ne dépasse pas les neuf miles à l'heure. Sans lumière, l'expédition s'enfonce dans l'obscurité de la Baltique vers l'ouest - même fumer sur le pont est interdit, le bout rouge incandescent pouvant attirer le regard de l'ennemi.

A 22h 30: Le Kronenfels a des problèmes de moteur et le convoi s'arrête une vingtaine de minutes pour réparer. Le voyage se poursuit.

A 23 heures, le convoi reçoit une nouvelle directive. Le haut commandement de la Marine à Kiel organise un changement de cap. L'objectif est maintenant Copenhague au Danemark au lieu de Swinemünde. La nouvelle se répand comme une traînée de poudre à bord et provoque une grande joie. Copenhague est loin du front russe, les gens sont heureux, ils voient le danger qui s'éloigne.

Mais l'ennemi est plus proche d'eux qu'ils ne l' imaginent: Près du lieu où la fin de Janvier, le bateau de réfugiés "Wilhelm Gustloff" a été coulé, le sous-marin soviétique L-3  est embusqué. Son commandant sait que les navires viendront de Hela. Il attend depuis des heures. Huit minutes après minuit, le capitaine Vladimir Konovalov a son objectif en vue, c'est le plus grand navire du convoi, le Goya. Deux torpilles partent. La première frappe la proue, la deuxième le milieu du navire générant deux énormes trous dans le côté du navire. En quelques secondes, il gîte à tribord. Beaucoup ont été tués par les explosions, mais la plupart seront noyés par les tonnes d'eau qui entrent dans la coque. Presque personne ne parvient à passer à travers les trappes vers le haut. Et même le peu qui y parvient n'est pas certain de survivre.

Les appels à l'aide et plus tard, les cris d'effroi des témoins sur les autres navires, résonnent dans la nuit. Mais ce sera bref. En sept minutes, le cargo coule au fond de la mer Baltique. Des milliers sont piégés sous les ponts. Une seule embarcation de sauvetage a pu être descendue dans l'eau, mais elle chavire immédiatement parce que d'innombrables passagers qui se débattent dans l'eau glacée s'y sont accrochés. Les gilets de sauvetage ne servent à sauver personne dans l'eau à trois degrés. En quelques minutes, c'est l'hypothermie et la mort. Les gilets de sauvetage ne gardent qu'un corps raidi à la surface. Certains ont trouvé refuge sur une caisse qui flotte ou l'un des radeaux de survie qui ont pu être lancés, ce seront pratiquement les seuls survivants.

Le "Mercator" ne reste pas une minute sur place, il augmente sa vitesse et disparaît dans la nuit vers Copenhague. Le navire a lui-même a 5500 réfugiés à bord. Le bateau de sécurité M-328 se lance à la poursuite du sous-marin, afin d'éviter de nouvelles attaques de torpille.

L'Ægir et le M-256 commencent le sauvetage des naufragés. Plus tard le M-328 cherchera en vain des survivants. A eux tous, ils ne recueilleront que 182 survivants sur plus de 7000 personnes à bord. 9 d'entre eux meurent d'hypothermie.
De cette catastrophe, seules 173 personnes ont survécu.

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