Amiral Nakhimov :
Plus grand navire à passagers sur la mer Noire avec un déplacement de 23,480 tonnes, 174 m de long et 21 m de large, sa capacité d'accueil atteignait 1096 personnes.
Ce navire a été conçu en Allemagne, construit à Lobbendorfe et lancé le 24 Mars 1925 comme paquebot transatlantique sous le nom de "Berlin". Affecté ensuite par le troisième Reich à des croisières populaires, il est transformé en hôpital flottant au moment du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. A la fin de la guerre, il a été réquisitionné pour l'opération Hannibal dans la mer Baltique. C'est là que le 31 janvier 1945, sur la route de Swinemunde, le "Berlin" saute sur une mine. Malgré une voie d'eau de près de 50m², le navire a continué à se déplacer. Une seconde explosion l'a arrêté sur un fond vaseux à 13 m de profondeur.
Après la fin de la guerre, en 1947, les soviétiques ont renfloué le navire et l'ont fait réparer. Il a ensuite été donné à la compagnie de transports maritime de la mer Noire en 1957 qui l'a fait aménager en navire de croisière en 1966. Une piscine a notamment été ajoutée, au détriment d'une cloison étanche.
Le 31 août 1986, il part 10 minutes en retard pour avoir attendu le chef du KGB de la région d'Odessa, le major-général Alexei Krikunov qui devait embarquer avec sa famille.
Piotr Vasov :
Vraquier-céréalier construit en 1981 au Japon. 183,50 m de long, 26,65 m de large, Il est attendu à Novorossiysk le lendemain pour y décharger 28 638 tonnes d'orge. Il est en avance sur son horaire.
La route de ces deux navires se croise dans la baie de Tsemess.
L'Amiral Nakhimov part en croisière pour Sotchi avec 1234 personnes à bord dont 884 passagers, 346 membres de l'équipage et 4 personnes de la famille de ces derniers. Le capitaine Vadim Markov, une fois le navire sorti du port sur sa route, cap 160°, avec une vitesse de 12,5 nœuds, laisse le second officier, AlexandreTchoudnovsky prendre le quart et se retire dans sa cabine.
La croisière, d'une durée d'une semaine, a commencé 3 jours plus tôt. Aucune information sur la conduite à tenir en cas d'évacuation du navire n'a été donnée. Personne ne sait où se trouvent les gilets de sauvetage, les bouées sont attachées avec des chaînes et les canots n'ont pas été mis à l'eau depuis des mois. Les passagers sont en vacances et on ne les ennuie pas avec ces choses-là.
Cette insouciance va causer la mort de nombreuses personnes.
A.Tchoudnovsky, l'officier de quart, voyant sur le radar que la trajectoire du Piotr Vasov va couper la sienne, entre en contact avec le capitaine du vraquier, Viktor Tkatchenko. Celui-ci, à la radio, assure à l'officier du paquebot qu'il maîtrise la situation et va laisser passer le navire à passagers avec une bonne marge. Son navire, plus récent, est équipé d'un équipement électronique d'aide à la navigation. C'est cet équipement qui sera en réalité la cause de l'abordage entre les deux navires car, persuadé, sur l'écran, que le "petit cigare" qui représente le navire de croisière est facilement évitable, il ne modifie rien ni à l'allure, ni au cap de son navire.
Lorsque l'officier de quart du navire de croisière se rend compte du danger, il rappelle le capitaine du vraquier pour lui ordonner de faire machine arrière. Le capitaine Tkatchenko obéit, mais il est trop tard. L'inertie est plus forte que les machines du vraquier. La collision est inévitable.
Le bulbe d'étrave du Piotr Vasov éventre sur 84 mètres de longueur le compartiment des chaudières, celui des moteurs, les réservoirs de mazout et de carburant diesel, une soute de marchandises contenant un chargement de peinture et les entrepôts alimentaires.
C'est l'été. Un problème de ventilation à bord fait que dans les cabines du bas, tous les hublots sont ouverts pour donner de la fraîcheur. Les portes étanches dans les cloisons sont ouvertes et l'équipage circule librement. Un film est projeté sur le pont arrière. Les passagers ont couché les enfants et les ont enfermé dans les cabines pour leur sécurité. Il y en a 34 à bord. 2 seulement survivront à la catastrophe. Les lumières vacillent et s'éteignent. Le navire prend immédiatement de la gîte. 8 minutes après la collision, il coule à moins de 10 milles du port de Novorossiysk.
Dans l'eau, des centaines de personnes sans gilets de sauvetage, couvertes de mazout et de peinture, se débattent dans l'obscurité au milieu des corps mutilés de ceux qui se trouvaient par malheur à l'endroit de la collision. Immédiatement, les secours s'organisent depuis la terre. Ce ne sont pas moins de 20 hélicoptères qui interviennent sur les lieux. Un marin propriétaire d'un bateau-promenade à Novorossiysk va à lui seul sortir des dizaines de naufragés de l'eau.
Le chiffre officiel est de 423 victimes, dont 359 passagers et 64 membres d'équipage. AlexandreTchoudnovsky, de quart sur l'Amiral Nakhimov en fait partie.
On peut vraiment dire que ce naufrage est de ceux qui pouvaient facilement être évités. La confiance aveugle dans l'électronique de bord est une bêtise. Ces instruments, aussi perfectionnés soient-ils, ne sont que des auxiliaires de navigation. Ils ne remplaceront jamais l'expérience d'un capitaine. Mais quand bien même une avarie surviendrait qui causerait la perte du navire, les règlements de sécurité, fermeture des portes étanches, exercices d'évacuation, information sur les dispositifs de sauvetage, vérifications de leur bon état d'entretien et de fonctionnalité restent essentiels.
Les soviétiques ont appelé l'Amiral Nakhimov "le Titanic Russe". C'était une grosse erreur. Le Titanic a mis 4 heures à couler, l'Amiral Nakhimov n'a mis que 8 minutes.
Statistiques :
43% des passagers masculins sont morts ainsi que 38% des passagères et 96% des enfants de moins de 16 ans. 100% des personnes de plus de 60 ans ont également péri dans ce naufrage.
42% des membres de l'équipage sont morts.
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