samedi 17 septembre 2016

Navigation : la passerelle de commandement sur un navire marchand

En navigation, la surveillance se poursuit jour et nuit sans interruption et dans n'importe quelle condition météorologique. Si l'usage du pilote automatique a beaucoup facilité la navigation, ce mode de navigation requiert malgré tout une surveillance constante.

Il faut garder à l'esprit que les statistiques des compagnies d'assurances montre que 80% des accidents ont pour origine des défauts d'attention ou des bourdes commises par le personnel navigant alors que la plupart des accidents est facilement évitable.
Chaque accident a un coût important pour la communauté. Des vies peuvent être perdues, l'environnement peut subir des dommages et les accidents coûtent cher, les compagnies d'assurance, ne perdant pas d'argent, répercutent sur les primes des autres les indemnités versées après un sinistre.

Défaut d'attention ou bourde commise par le personnel navigant signifie erreur de l'officier de quart et rien d'autre.

Dès le début du voyage, les officiers appelés à prendre les différents quarts sont invités à prendre connaissance de la route, des ordres du capitaine et de la compagnie et se familiariser avec le navire s'ils ne le connaissent pas déjà. Ils doivent savoir comment utiliser au mieux les moteurs principaux et auxiliaires et en comprendre les possibilités et les limites. On consulte les bulletins météo. Sur certains navires de croisière dans les Caraïbes, la route est parfois modifiée pour éviter la pluie, qui fait toujours mauvaise impression sur les passagers. Un plan de route est systématiquement établi, les différents points listés et référencés afin d'être facilement repérables sur la carte, que'elle soit électronique ou papier. ce document doit mentionner les marges de sécurité, les passages délicats, les courants marins, les amers, les feux, la signalisation et les obstacles fixes. ce document est attesté par le capitaine.


Le déroulement du quart

Pour débuter un quart, il est important d'arriver à la passerelle en avance. Arriver en avance laisse du temps pour s'imprégner de la situation du navire au fur et à mesure que l'officier du quart précédent donne les informations essentielles, cap, vitesse, environnement, surveillance des autres navires, angle des safrans, navigation manuelle ou automatique, le tout énoncé à voix haute et intelligible et répété de façon à ce qu'il soit sûr que tout est bien compris. La communication avec l'officier terminant le quart précédent va assurer la continuité de la surveillance et doit être aussi complète que possible. Les ordres relatifs à la route, s'ils ont été actualisés, doivent être transmis. La visualisation de cette route sur une carte adaptée est une bonne méthode pour en prendre connaissance dans son intégralité. On peut ainsi en apprécier les éventuelles difficultés. Le changement de commandement ne se fait jamais pendant une manœuvre.

Hurtigruten MS Nordnorge. NRK
Les deux officiers passent en revue tout l'équipement électronique et le moindre dysfonctionnement doit être signalé. Les gyrocompas et les compas magnétiques doivent également être comparés.
L'officier qui quitte la passerelle doit être certain que le nouveau est pleinement en capacité de prendre la responsabilité du navire et ne se trouve ni sous l'influence de l'alcool, de drogues ou de médicaments, ni même montrer des signes de fatigue. Au moindre doute, le capitaine doit être informé. Il prendra alors des mesures pour le remplacer.
L'officier sortant reste à la passerelle le temps de remplir le livre de bord.

La première tâche de l'officier de quart seul en passerelle est de s'assurer que le navire ne puisse jamais se trouver à la merci d'un risque incontrôlable, ce qui implique de toujours connaître la position du navire et d'en surveiller la progression à chaque instant. Pour cela, la première chose est de regarder à l'extérieur, la seconde est de régulièrement consulter l'écran du radar. Si en haute mer, le travail est un peu routinier, il n'en va pas de même au voisinage des côtes ou en cas de visibilité réduite. Au moindre doute, l'officier de quart a l'obligation d'en référer au capitaine qui appellera des vigies supplémentaires toujours disponibles. La sécurité passe avant tout le reste. Si le pilote automatique est en route, il doit constamment vérifier que le navire ne sort pas de la route prévue. Lors d'un changement de cap, il redouble d'attention, regardant les amers à sa disposition, les écrans de contrôle et s'assurant que les manœuvres soient bien celles qui ont été programmées.

Une minute d'inattention peut avoir des conséquences gravissimes. Il n'est généralement pas possible de rattraper ce temps et on passe parfois à côté d'informations importantes. Pour avoir la capacité de réagir de manière adaptée, il faut avoir suivi sans faille le chemin parcouru, visualiser la route restant à parcourir en ne perdant pas de vue les différentes cibles visibles au radar.

De nos jours, un quart dure quatre heures. Cette tâche demande un bon entraînement, une haute compétence et une vraie gestion du temps. C'est un travail difficile dans le sens où l'attention doit être soutenue. La tenue du quart est l'activité la plus importante à bord d'un navire en mer car la sécurité du navire et de ses occupants est sous l'entière responsabilité de l'officier de quart pendant son temps de veille.